Au moment où les médias algériens ont fait le buzz sur le drame d'un citoyen qui s'est fait percuter sur l'autoroute, en Tunisie, l'Autorité de régulation tunisienne ne badine pas avec la déontologie. La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a appelé toutes les chaînes de télévision et de radio à respecter les règlements régissant le droit à la liberté d'information et d'expression et relatifs au respect des droits d'autrui, de leur réputation et des données personnelles.Il ne s'agit pas de «faire du sensationnel pour augmenter l'audimat, au détriment de la qualité», a fait savoir le régulateur dans un communiqué. Le débat sur le traitement sensationnaliste des informations, en Tunisie a été relancé par un fait divers datant du 16 mai, suite au traitement médiatique dans l'affaire du décès d'Aroua Troudi. La jeune femme a été tuée après que sa voiture a été percutée par un véhicule. Dans la foulée, un témoin de l'accident, plutôt que d'appeler les secours, a choisi de dévaliser le véhicule de la victime.La famille de la victime s'est dit assaillie par les médias à la recherche de plus d'informations sur cette affaire qui est très suivie. Cette derniére avait porté plainte auprès de la justice et de la Haica, pour interdire, la diffusion d'un reportage sur le décès d'Aroua Troudi par l'émission Les 4 vérités, sur El-Hiwar Ettounsi, affirmant qu'elle a été harcelée par les journalistes de la chaîne.Le tribunal a rejeté cette demande, estimant sans doute qu'y donner une suite favorable serait de la censure et une transgression à la liberté de la presse, alors que l'émission s'est, de son côté, engagée à reporter la diffusion du reportage.L'instance invite les journalistes, dans un communiqué, mer-credi dernier, à respecter l'éthique de la profession et à faire preuve de responsabilité humaine et sociale. Elle a recommandé de ne pas instrumentaliser de tels drames, pour «faire du sensationnel et augmenter l'audimat au détriment de la qualité des contenus médiatiques».La Haica a, par ailleurs, souligné la nécessité de respecter le secret de l'enquête, rappelant son attachement à ses positions, qui rejettent toute censure au préalable, des contenus médiatiques audiovisuels, afin de garantir la liberté d'information, d'expression et d'accès à l'information.L'instance rappelle aussi que les citoyens peuvent déposer des plaintes auprès de ses services au sujet des programmes télévisés ou de radio, conformément aux dispositions du décret-loi n°2011-116.Le régulateur tunisien des médias s'est montré très critique envers le paysage local de la presse, fustigeant à tour de rôle le professionnalisme des journalistes et le climat de censure créé par les autorités.